Peur et rumeur

Fort de villes martin

Le thème "peur et rumeur" est au centre de notre décision de monter la pièce d'Arthur Miller Les sorcières de Salem. Mais au-delà de cette pièce, nous souhaitons proposer un thème de débat ainsi que la lecture d'autres textes. Nous vous invitons à nous retrouver les :

CAUSERE - DEBAT

Sur le thème Peur et Rumeur

animée par Alain Brice et Pierre Reipert

Samedi 13 février 2016 à 20h30, à Saint-Nazaire, au fort de Villès-Martin (rue Ferdinand Buisson)

Entrée libre - Libre participation

 La peur est une émotion qui accompagne la prise de conscience d’une menace. Elle peut donc être mauvaise conseillère dans certains cas comme les peurs imaginaires ( qui sont de vraies peurs ), ou utiles dans certaines situations comme la fuite face à un danger imminent. ( ex. : la peur du feu)

    La peur est à distinguer d’autres émotions qui lui sont proches mais qui appartiennent à d’autres registres psychologiques. Telle que l’angoisse qui est un sentiment de peur dont la cause est souvent inconnue de la personne qui l’éprouve et qui vient de l’intérieur d’elle-même. Elle est toujours liée au désir inconscient. Ou l’effroi qui est un moment de terreur sans voix parce que ni imaginarisable ni symbolisable. Ce qui est vécu est alors inimaginable par la pensée ni exprimable par la parole. ( cf. le tableau oppressant de Munch intitulé « Le cri », 1893, ou le retour des prisonniers des camps de concentrations nazis en1945 , ils n’avaient pas de mots pour dire ce qu’ils avaient vécu ).

Edouard munch le cri

La rumeur, elle, est un bruit confus de voix, de sons assourdis. Dans le sens commun, elle désigne une nouvelle non vérifiée qui se propage rapidement dans le public. Les rumeurs peuvent relever d’une maladie de l’inconscient collectif agissant dans des situations anomiques ( crises, guerres, catastrophes ) comme un transfert d’agressivité du corps social sur les autorités ou un groupe minoritaire.

     C’est en cela que peur et rumeur peuvent souvent  de  conjuguer mutuellement. La rumeur déclenche la peur et la peur entretient la rumeur. La rumeur s’oppose à l’acte de raison et à la recherche critique de l’information. Elle se constitue à partir de productions imaginaires ayant souvent pour finalité de produire des peurs, voire des terreurs. ( ex. la fameuse rumeur dite « rumeur d’Orléans » en 1969 où il avait été colportée l’information que des jeunes filles seraient enlevées dans des cabines d’essayages de boutiquiers au motif que ces derniers étaient juifs. ( A ce sujet, le « juif » est une source inépuisable comme contenant et contenu de rumeurs).

    Les récits de rumeurs empruntent et combinent principalement quatre types narratifs classiques ; la  faute, la trahison, le complot et le mal dissimulé.

    De tous les temps de l’histoire de l’humanité, toutes les sociétés ont été agies et se sont nourries des phénomènes de peurs et de rumeurs dans des buts de discriminations ; les femmes  accusées de sorcelleries à différentes époques de l’histoir, les indigènes à l’époque des conquêtes coloniales, les juifs en Europe au XXème siècle, etc… La liste serait longue à énumérer. Politiquement, nous pouvons soutenir que peurs et rumeurs ont autant servi les Pouvoirs que les opposants aux Pouvoirs.

       Alain Brice