Bertolt BRECHT, « LA VIE GALILEE » Une approche dramaturgique et scénographique

Le Ciel ! couvercle noir de la grande marmite

Où bout l’imperceptible et vaste humanité.

C. Baudelaire.- Le couvercle – Les fleurs du mal

« Faut-il admettre que ce qui est grand tourne autour de ce qui est petit, ou bien ne serait-ce pas ce qui est petit qui tourne autour de ce qui est grand » demande Galilée à sa gouvernante, Madame Sarti. Puis, partageant avec son ami Sagredo ses premières découvertes astronomiques  à l’aide de sa lunette, Galilée affirme, évoquant Giordano Bruno : « Ce sont les multiples mondes, les innombrables autres mondes, les astres les plus éloignés dont a parlé celui qui a été brûlé. Il ne les a pas vus, il les a attendus ! »

 

A un univers prisonnier à l’intérieur de sphères cristallines, et dont la terre est le centre, Galilée oppose un univers infini, où la terre est « un minuscule tas de pierres » et où « tout bouge ». A partir de 1609, il consacrera sa vie à en rechercher les preuves scientifiques. Ainsi, « La vie de Galilée » est l’exposition du conflit historique qui oppose les partisans d’une conception aristotélicienne du monde et de la science, Eglise en tête, à la vision copernicienne d’un système dont le soleil est le centre ; un monde figé s’oppose à  un monde en mouvement. Le cadre historique de la pièce est ainsi tracé. Il nous parait essentiel d’en rendre compte par notre parti pris dramaturgique, le décor, les costumes et la musique qui accompagneront les personnages tout au long des quatorze scènes que comporte la pièce.

 

A travers Galilée, nous voyons apparaître deux personnages : l’un historique, considéré comme un des pères fondateurs de la science moderne, l’autre contemporain, « brechtien » pourrions-nous dire. La trame de la pièce est historiquement fondée, et les personnages qui entourent Galilée – ils sont près de 60 – pour la plupart également. Le Galilée contemporain est celui qui assimile l’obstination de l’Eglise à refuser toute remise en cause d’une vision aristotélicienne de l’univers, à la défense de l’ordre établi. On retrouvera donc aux cotés des dignitaires de l’Eglise tous ceux qui ont le même intérêt qu’elle à défendre cet ordre. Traduit devant l’Inquisition, Galilée avouera sa propre faiblesse en abjurant. Sans renier le Galilée historique, B. Brecht campe un personnage qui se pose la question de sa responsabilité de scientifique dans la société. Vers la fin de sa vie, Galilée s’interroge devant Andrea : « En tant que scientifique, j’ai eu une responsabilité unique... les physiciens auraient pu développer quelque chose qui s’apparente au serment d’Hippocrate des médecins, la promesse solennelle d’utiliser leur savoir uniquement pour le bien-être de l’humanité ! ».

 

« La vie de Galilée » n’est pas une simple fable. Elle repose sur des conflits, des débats d’idées et polémiques, des personnages, des avancées scientifiques qui ont réellement existé. Aussi ne voulons nous pas opposer deux mondes, celui des historiens et celui des idéologues contemporains. Nous pensons qu’en exposant le plus clairement possible cette histoire là, ce combat qui s’est déroulé dans la première moitié du XVIIème siècle, nous permettrons à chacun de poser mieux les questions qui sont celles que nous nous posons aujourd’hui au sujet de la science et du droit au savoir, les deux sujets principaux que B. Brecht souhaitait exposer.

 

Ceci a évidemment des conséquences scéniques concrètes : en premier lieu, que chaque personnage soit historiquement identifiable, non seulement à travers son jeu, mais aussi grâce aux costumes portés. Odile Raitière (Atelier Organdi, La Baule) a accepté de prendre en charge le lourd chantier qui consistera à fabriquer plus de 60 costumes historiques. Cette identité posée, les personnages évolueront sur un plateau très dépouillée, destiné à mettre en valeur la variété des couleurs, leur mouvement et l’unité de lieu et de temps que représente chacune des quatorze scènes. La lumière contribuera de son côté, à créer des éléments d’imaginaire dont chaque spectateur pourra se nourrir.

 

Enfin, compte tenu de la très grande richesse des thèmes abordés, nous proposerons, en collaboration avec Jean-Michel Vienne (Université de Nantes) un ensemble de conférences et débats.

 

Ce projet a reçu le soutien de la ville de Saint-Nazaire et sera réalisé avec le concours du comité nazairien du Secours Populaire Français et du Club Astronomique de Saint-Nazaire/Presqu’Ile.

 

D’ores et déjà nous devons remercier : Eric Provost (Ville de Saint-Nazaire), Nadine Varoutsikos-Perez (Le Fanal, Scène Nationale, Saint-Nazaire), José Hoareau (Saint-Nazaire Associations), Jean-Claude François (Université de Nantes), Michel Valmer (Salle F. Vasse, Nantes), José Richaud (Théâtre Terre)

 

P. Reipert    -    F. Jourdain

Mars 2010

 

 

Adaptation et mise en scène : Pierre Reipert, assisté de Mireille Bellanger et Fernand Jourdain

Musique originale (jouée sur scène) : Dominique Blain et Eric Fallière

Costumes : Odile Raitière (Atelier Organdi, La Baule)

Décors : Emmanuel Larue (Ecole des Beaux Arts, Nantes)

 

Durée du spectacle : environ 3h45 (entre-acte fin scène 8)

Comédiens , musiciens et régie : 30

Plateau : minium 10m x 10m  (plus dégagements 2m à jardin, cour et fond de scène) – Eclairage et son : équipement standard des salles, matériel d’appoint si besoin.