Arthur Miller, Vu du pont

Vu du pont - Une tragédie dans le mondes gens ordinaires

Après "La vie de Galilée", L'Astrolabe 44 poursuit son aventure humaine et théâtrale.

"On voudrait parfois crier gare et dire sans ménagement à un homme de façon précise ce que lui réserve l'avenir et voilà, on a trop de respect de sa personne pour oser lui parler. J'aurai pu, cet après-midi là, finir toute l'histoire d'Eddie Carbone. Il n'y avait pour moi plus l'ombre d'un mystère, mais je le voyais, lui, comme s'il s'était engagé dans un tunnel et qu'il se dirige vers l'unique sortie possible... Je suis même allé trouver une vieille dame du quartier, une vieille dame qui en avait beaucoup vu et avait beaucoup vécu, et je lui ai raconté ce que je viens de vous raconter, mais tout ce qu'elle a fait, ç'a été de secouer la tête et de me dire : "Priez pour lui". C'est ainsi que l'avocat Alfieri parle d'Eddie Carbone dans "Vu du pont".

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Chaque matin, Eddie Carbone part sur les quais de Brooklyn, de Staten Island, de Haboken, à la recherche d'un bateau à décharger. C'est un homme honnête, travailleur, bon camarade. Il vit avec sa femme Béatrice dans la partie la plus pauvre de Brooklyn, à la "ligne rouge". Ensemble, ils ont élevé Catherine - une orpheline -, nièce de Béatrice; ils l'ont vue grandir et l'aiment comme leur fille.

La pièce commence avec l'arrivée de cousins siciliens qui ont décidé d'émigrer aux Etats-Unis afin d'y trouver du travail.et, peut être, pour y refaire leur vie. La description faite par A. Miller de ce milieu d'immigrés n'a pas perdu une once de son actualité : la clandestinité, les réseaux mafieux qui exploitent la misère, la nécessité de s'adapter à un monde nouveau, à de nouvelles lois. Surtout l'humiliation, plier le joug pour conserver l'essentiel : l'espoir d'un travail. Le plus jeune des deux frères adore chanter, mais le bruit risque l'alerter les voisins.

" Il faudra que tu te taises, Rodolpho" lui dit son frère Marco.

Derrière ce drame apparait une tragédie : Eddie voit naître et s'épanouir sous ses yeux l'amour entre Catherine et Rodolpho, et il ne peut le supporter. La jalousie l'envahit, le dévore. Eddie est comme un homme pris par un mal de tête grandissant; il cherche à comprendre, il se débat, mais ne trouve que des remèdes de bonne femme. Autour de lui, les différents acteurs du drame sont témoins de cette situation et essaient de lui indiquer la bonne issue. "Pourquoi es-tu si triste Eddie ?" ne cessent de lui répéter Béatrice et Catherine. Le "mal" deviendra insupportable, mais c'est en homme libre qu'Eddie décidera de commettre l'irréparable, perdant tout à la fois son honneur et la vie. Ceci sous les yeux du monde de la rue, témoin indispensable pour que s'accomplisse la catharsis.

"Vu du pont" a été présenté pour la première fois en France en 1958, dans une mise en scène de Peter Brook, adaptation de Marcel Aymé, avec Raf Vallone dans le rôle d'Eddie.

Les comédiens de L'Astrolabe 44 ont commencé les répétitions en février 2012. Premières représentations les 15, 16 et 17 février 2013 au théâtre Jean Bart à Saint-Nazaire. Durée : 2h10. Spectacle subventionné par la ville de Saint-Nazaire, avec le soutien du SPF

Mise en scène de Pierre Reipert. Scénographie : Dominique Lemarié et Jean-Michel Régent

Musique, chant et son : Dominique Blain, Nathalie Cyron, Jean-Marie Fonteneau et Dominique Legeais

Les dessins et nuanciers des couleurs retenues pour "Vu du pont" ont été réalisés par Dominique Lemarié, dessinatrice de presse judiciaire.

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